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Où doit s’arrêter la liberté d’expression?

Les journalistes doivent-ils encourager ou publier les informations de Wikileaks? Une question éthique qui s’adresse à toutes organisations de presse ayant à coeur la vitalité de la démocratie

[Texte d’opinion]

Le journalisme politique tel qu’on le pratique en Occident se veut le chien de garde de la démocratie, mais plus encore le lien impartial et objectif qui aident les citoyens à comprendre les décisions prises par leurs politiciens.

Cette vision certainement « rose » d’une profession que plusieurs admirent ou pratiquent au festival international sur le journalisme à Pérouse n’est pas toujours réelle. Prenons le temps d’analyser les effets qu’ont les leaks d’un site tel Wikileaks sur la vitalité de nos démocraties.

Ayant connu son heure de gloire dès juillet 2010, le site Internet Wikileaks – co-fondé par Julian Assange – n’a depuis mis à jour de nouveaux documents attirant l’attention médiatique. Cependant, leurs actions ont forcé les gouvernements de plusieurs pays à réagir face et à défendre leur diplomatie attaquée. À la base, rendre des comptes à ses citoyens – que cela soit forcé ou non – peut sembler un exercice sain et louable pour toutes démocraties. Depuis peu, au Canada, un portail similaire sous la bannière de Québec Leaks a vu le jour.

Est-il vrai d’affirmer que cette manifestation draconienne de la liberté d’expression aide les citoyens à s’identifier aux valeurs démocratiques et à vouloir défendre ce système? On remarque dans l’argumentaire de Julian Assange un problème considérable. Appuyant ses actions sur les principes fondateurs du libéralisme et de la démocratie – notamment la liberté d’expression – il est peu probable que les citoyens accordent après coup une grande confiance en leurs gouvernements. Mal contextualisés, certains leaks donnent l’impression que tout un système – la démocratie occidentale – se fou bien de la transparence et de ses principes fondateurs.

Affirmer que les diplomates n’ont pas de préjugés ou que les États interagissent sans prévaloir leurs intérêts est mal connaître les rouages de la politique. En publiant certains documents secrets, Wikileaks n’a peut-être pas mis en danger la sécurité publique de pays comme les États-Unis comme l’affirmait la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton. Nous n’avons vu jusqu’à présent aucune conséquence militaire ou diplomatique suite à juillet 2010.

Alors où Wikileaks fait-il mal? En quoi offre-t-il un nouveau rempart entre la démocratie, la corruption, l’hypocrisie et la liberté?

Selon ce qu’on peut observer, le principal impact qu’auront eu Assange et ses acolytes est d’installer dans l’esprit collectif l’idée que peu importe les pays démocratiques, la politique est corrompue et hypocrite.

Est-ce le cas? Ou une impression mal fondée?

Le cynisme populaire face à la politique aide le totalitarisme et les politiques intolérantes à avoir pignon sur rue. Est-ce vraiment cela que veulent réaliser les fondateurs de Wikileaks?

– Hugo Pilon-Larose

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